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Contre le déclin, une guerre de mouvement
par Jean-Jacques Cahuet, Ingénieur des Arts et Métiers
jeudi 11 avril 2013
Comme on dit en thermodynamique, le mouvement ne peut être obtenu que par un déséquilibre. En d’autres termes, la situation d’équilibre est opposée au mouvement !
En termes macroéconomiques, l’exploitation de nos ressources naturelles (essentiellement fer et charbon) a permis la révolution industrielle du 19ème siècle tandis que notre agriculture a su nourrir le pays, en dépit de tous les bouleversements politiques (révolutions, empires, républiques, occupations).

Nos dettes de guerre après 1815 comme après 1871, et la dette générée par les gouvernements révolutionnaires (1848), ont nécessité des montages financiers fondés sur l’emprunt, à grande échelle basés sur la confiance des industriels. La colonisation, d’abord en Afrique du Nord, ensuite étendue dans l’Afrique centrale et en extrême-orient a participé à la rentrée de matières premières agricoles et industrielles et donc de devises soit par l’impôt soit par l’investissement. Ce système n’a d’ailleurs pas été spécifique à la France, tous les pays européens l’ont pratiqué. En retour, les colonisateurs, outre l’implantation d’infrastructures routières, scolaires et sanitaires, ont voulu aussi installer leur modèle de structures administratives.
Cependant, la contrepartie a été une exploitation des ressources de pays dont les habitants pouvaient légitimement aspirer à l’indépendance. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé après la seconde guerre mondiale. Après les décolonisations, le système post-colonial de contrôle des prix des matières premières a permis le maintien de la mainmise occidentale sur son approvisionnement en ressources indispensables à son économie. Mais en 1973, alors qu’on pressentait la raréfaction à terme des hydrocarbures, le choc pétrolier provoqué par l’Organisation des Pays Arabes Exportateurs de Pétrole (OPAEP) a fait exploser le prix du pétrole. Celui-ci est devenu une arme dans les mains de dirigeants dont le caractère démocrate était pour le moins contestable. Par effet de dominos, toutes les matières premières ont vu leurs prix augmenter. De cette manière, la recherche et l’exploitation de nouvelles ressources naturelles sont devenues indispensables et rentables dans de nombreux pays. Après des errements politiques, une gestion saine a fait de certains d’entre eux des pays émergents qui sont désormais bien plus que çà (Brésil, Inde, Chine....).
Ainsi, si la recherche de nouvelles ressources naturelles se poursuit (terres rares, nodules, gaz de schiste, ...), trois paramètres ont radicalement changé depuis le 19°siècle. D’une part, le monde est désormais "fini”, tous ses territoires sont connus et reconnus au sein de l’ONU. De plus, la globalisation impose un comportement d’équité. Equité dans les prix des exportations en vue de permettre un développement local, équité aussi dans la démarche de réciprocité des échanges commerciaux, culturels, techniques et scientifiques. Enfin, l’euro, notre monnaie commune ne permet plus ces dévaluations compétitives communément utilisées par les ministres des finances au cours du 20ème siècle. Le financement du train de vie d’un pays par l’accroissement de la dette n’est pas une position tenable sur le long terme.
Que reste-t-il donc aux pays industrialisés comme le nôtre pour maintenir leur niveau de vie alors qu’ils produisent de moins en moins de matières premières, même agricoles, et que le poids de leur industrie décline ?
Notre pays doit se remettre en mouvement, et pour cela :
1. Ne pas négliger les ressources naturelles résiduelles (gaz de schiste, solaire, éolien...) en contrôlant les risques induits, englués que nous sommes par le "principe de précaution". Il n’y a pas d’innovation sans prise de risque. L’exemple des USA est ainsi à prendre sérieusement en considération. L’étau du tout pétrole peut être progressivement desserré.
2. Assurer la promotion des études techniques. Le 21ème siècle sera le siècle des ingénieurs disait le président des Ingénieurs Arts et Métiers. Notre pays ne doit pas manquer ce mouvement. Il ne faut pas leurrer nos petits enfants, on n’apprend pas sans efforts et c’est même par l’effort que l’homme se réalise. Cette éducation à l’effort commence à la petite enfance, et c’est dans la famille que tout se joue, bien avant l’entrée à l’école. C’est aussi par l’effort qu’on apprend le respect de celui qui en sait plus que vous.
3. Favoriser l’innovation en libérant les contraintes de toute sorte qui ne font qu’inciter nos plus brillantes intelligences à s’expatrier pour inventer des produits qui seront réalisés et vendus à l’étranger, ou à s’investir dans les techniques bancaires, qui certes produisent des plus values, mais ne sont pas gagées sur des produits matériels. La gestion de l’argent papier ne devrait pas produire d’enrichissements exorbitants.
Faute de quoi, la spirale du déclin sera inéluctable. Notre enseignement supérieur, déjà bien mis à mal, sera pris dans cette tourmente, notre rayonnement en Europe et dans le monde, assis sur la langue française se réduira et nous nous en serons peut être réduits à devenir une sorte de parc d’attraction.
Documents joints
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Lire aussi : la dette publique de la France (Revue des Deux-Mondes) (PDF - 207.6 ko)
En nous invitant à nous reporter à cet article de 1874, l’auteur montre l’enracinement profond des mauvaises habitudes en matière de gestion des finances publiques.
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