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Libre-échange III : à quelles conditions parvient-on à en tirer les bénéfices ?
vendredi 4 février 2011 par Jean Bourdariat
Comme on l’a vu dans l’article précédent, le paradoxe de la mondialisation est que les pays les plus bénéficiaires sont, comme la Grande Bretagne et les Etats-Unis autrefois, ceux qui en ont le moins respecté les règles. L’Inde, la Chine et le Viet-Nam, pays dont la Banque Mondiale estimait en 2001 qu’ils étaient les champions de la mondialisation, figuraient dans les années 1990 parmi les pays les plus protégés du monde. Les mesures d’ouverture commerciale sont intervenues assez longtemps après leur décollage.
Autre paradoxe dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes : après l’adoption des politiques libérales et d’ajustement vers 1980, le PIB par habitant a diminué en moyenne de -0,8% par an pendant la décennie perdue 1980-1990, puis le taux de croissance du PIB a été de 1% de 1990 à 2003 ? Ce taux était de 2,8% de 1960 à 1980, période de la mise en œuvre de politiques de protection suivant le principe d’Industrialisation par Substitution des Importations. « La région a mieux réussi au moyen de politiques discréditées qu’en adoptant des mesures d’ouverture des marchés ».
En outre a mondialisation a produit de graves crises financières, obligeant les pays en développement a constitué des réserves de devises 3 à 4 fois supérieures à celles des pays industrialisés, ce qui leur coûte, selon Rodrik, presque 1% de croissance du PIB chaque année.
Pour Andi Rodrik [1], les gains apportés par le commerce mondial sont moindres qu’affirmé par les pays industrialisés. Selon Anderson, Martin et Van der Mensbrugghe, cités par Rodrik, la libéralisation totale du commerce mondial rapporterait en 2015 un supplément de revenu réel des pays industrialisés de 30,3 milliards de $, tandis que celui des pays en développement diminuerait de 21 à 29 milliards de $. Les revenus de l’Amérique latine augmenteraient modestement de 2,2 milliards. Alors que la théorie classique dit que le commerce est un jeu gagnant-gagnant, le revenu mondial serait pratiquement inchangé en 2015 sous l’effet de cette libéralisation totale.
Rodrik relève que la plus grande faiblesse économique des pays en développement est qu’ils soient exclus du marché du travail des pays industrialisés. Déplacer 3% de la force de travail des pays en développement vers les pays industrialisés rapporterait aux premiers un gain bien supérieur, qu’il estime à 262 milliards de $. Et d’en conclure ; « si les marchés ne peuvent résoudre les problèmes d’excès de main d’œuvre et de pénurie de capital d’un pays, peut-être faudra-t-il ajourner un temps la libéralisation des importations afin de protéger l’emploi, … et adopter tout un ensemble de politiques industrielles afin de construire sa propre capacité industrielle et technologique ».
Il compare le Salvador, qui a fait le choix d’une économie totalement ouverte et dollarisée, et le Viet-Nam qui s’est ouvert progressivement avec une forte intervention de l’Etat. Ce dernier a réussi admirablement à faire croître son économie et à réduire la pauvreté, tandis que l’économie et l’investissement stagnent au Salvador (sans compter le haut degré d’insécurité et de délinquance dans ce pays). Le Mexique est pour Rodrik le plus grand échec de développement économique de la période récente. Malgré l’ALENA (Accord de Libre-Echange Nord-Américain) et la croissance des flux commerciaux et d’investissement, les résultats économiques en termes d’emploi, de croissance des revenus et de pauvretés sont « accablants ». L’ALENA n’impliquerait qu’une « intégration superficielle », et non en profondeur, des trois pays signataires de l’accord.
Ainsi, « les gains probables d’une libéralisation accrue des biens et des capitaux resteront médiocres aussi longtemps que le monde demeurera fragmenté politiquement et que les coûts de transaction résultant des discontinuités juridiques empêcheront toute intégration économique en profondeur ». Et de conclure sur la nécessité de créer dans chaque pays un espace politique et démocratique destiné à traiter les problèmes posés par l’ouverture économique en partant du contexte et des conditions propres au pays. Pour Rodrik, chaque pays doit rechercher le bon compromis dans sa situation et son contexte spécifique entre :
Pour conclure ce chapitre, nous reprenons ci-après la liste des conditions, exigeantes, qui selon Rodrik [2], pourront faire que la libéralisation des échanges soit bonne pour la performance économique. Cette liste est intéressante car elle montre que si le commerce est en lui-même bénéfique, la libéralisation des échanges ne doit pas être engagée de façon aveugle et dogmatique :
1. la libéralisation doit être totale (sinon, une libéralisation partielle doit prendre en compte la substituabilité ou la complémentarité des biens soumis à restriction). 2. toutes les imperfections microéconomiques doivent être levées. 3. l’économie domestique ne doit pas être trop importante sur les marchés mondiaux (à défaut, l’accroissement des échanges pourrait entraîner une chute des prix et une dégradation des termes de l’échange). 4. l’économie doit être à peu près dans une situation de plein emploi. 5. des dispositifs doivent être prévus pour compenser une redistribution indésirable des revenus. 6. l’impact budgétaire doit être neutre ou positif, ou alors il faut trouver une compensation aux rentrées fiscales manquantes. 7. la libéralisation doit être durable et crédible de sorte que les agents économiques n’anticipent pas qu’il y soit mis fin.
Notes
[1] Andi Rodrik, 2007, How to Save Globalization from its Cheerleaders, Jal of International Trade and Diplomacy, Autumn 2007, traduction française, La Découverte 2008, p 9-38
[2] Andi Rodrik, 2005, Growth Strategies, Handbook of Economic Growth, Vol 1, Elsevier, traduction française, La Découverte 2008, p 54-55
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